Agrainage ? Carnage !
Par Gollum | Le 09/03/2014Suite à Paris-plage, je suis parti à la recherche de nouveaux postes potentiels dans Paris. Après un bon aprém en vélo en parcourant quasiment tous les quais de Paris en long et en large, j'ai repéré 2 ou 3 postes qui ont l'air sympa...
Après 2 jours d'amorçage, j'arrive !
Mardi 6 août 2013
Technique : flotteur et agrainage.
Pour commencer, un petit sondage s'impose. Je n'ai pas la moindre idée de ce que je vais trouver ici, j'y vais au pif total.
Je commence à mes pieds : pas d'eau.
A 6 mètres : 1,5 mètre à tout casser.
Et ensuite ... une belle pente bien raide faite de gros rochers !
Du coup, à 10 mètres, j'ai environ 5 mètres de fond... plus ou moins 1 mètre, selon si je pêche à 9m50 ou 10m50 !! Ca va être hard !
Et alors que je continue mon sondage en descendant le courant... Toc ! J'harponne un poisson ! Je rêve, je n'ai encore rien fait à part jeter 2 poignées de pellets en arrivant !
Et du coup, vu que j'avais monté une ligne en vitesse, juste pour le sondage... ça casse. Dommage ...
Après avoir remonté une ligne, et une bonne demi-heure d'agrainage, les poissons commencent à rentrer sur le poste. Je finis cette première pêche 3 heures plus tard avec 4 poissons de 1m02 à 1m44. Un poste difficile à pêcher mais prometteur !
Samedi 10 août 2013
Un couple de touriste est sur mon poste. Pour une fois, je ne vais pas les déranger et j'en profite pour tester un peu plus en aval, plus proche du pont.
Je pense qu'il y a moyen de faire du poisson mais les combats seront plus difficile à gérer : obstacles plus proches, moins de fonds sous la canne donc plus de rush des poissons au large. On va voir ça !
Comme souvent, j'amorce dès que j'arrive et agraine en continue pendant que je prépare le matériel : ça fait gagner du temps !
Et du coup, à la première coulée, c'est la touche ! Et c'est du très lourd ! Après quelques hésitations, il part au large doucement et j'ai beau m'arc-bouté sur la canne, le poisson continue inexorablement. Et paf le bas de ligne de 20 kilos !
Bon, un peu dépité là...
Je remonte la ligne et c'est reparti.
30 minutes plus tard, ça repart et c'est de nouveau du lourd ! Le poisson nage dans tous les sens mais au moins j'ai l'impression de matriser plus ou moins la situation.
Et là c'est le drame. Le deuil même.
LA 1750, l'héroïne de tous ses récits, celle qui a supporté longuement les touristes, qui a évité les vélos, qui a plié contre vents, courants et poissons ... elle fait "crac".
A posteriori, après avoir revu la vidéo, c'est clairement une erreur durant le combat qui occasionne ça : je pose la main sur le brin numéro 6 (le premier brin non renforcé après le talon) et immédiatement, ça explose tout. Cela dit, je crois qu'elle a été largement rentabilisée depuis le temps ;)
Bref, le combat continue avec le kit, en y allant douuuucement pour ne pas casser les éléments restant !
Et après 25 minutes de combat, un magnifique poisson de 1m74 rejoint l'épuisette ! Yeeesss, il fait vraiment plaisir celui-là !
N'ayant qu'une seule canne sur moi, la fin de pêche est forcée. Dommage, les gros semblaient être de sorti !
Dimanche 11 août 2013
The 1750 is back !
J'avais une canne de rechange, heureusement. Bon, c'est mon dernier brin n°6 donc pas de bêtise maintenant !
Encore et toujours au flotteur.
Après quelques minutes (et oui, les poissons sont bien présents... !!), le flotteur coule brutalement et l'élastique sort direct !
Et après un combat assez lourd mais finalement relativement rapide (15 minutes environ), voici un superbe silure de 1m66 !
Ca commence fort !
Le temps de remettre la ligne en place et 10 minutes après, le combat reprend et un autre silure de 1m59 rejoint l'épuisette... pas le temps de chaumer aujourd'hui !
Puis de nouveau, après quelques minutes à peine, un autre poisson... Un moustachu d'1m50 cette fois.
Ca va peut-être s'arrêter à un moment non ??
... non !
2 coulées plus tard, ça repart ! Un peu plus petit celui-là, parfait pour se reposer ! 1m06 avec au moins 1 kilo de pellets dans son ventre tout rond.
Je remets, touche, ferrage et ... zut, accroché au fond. Aïe aïe aïe, en bas de ligne 20 kilos, ça craint ! Je mets les gants, ramène la canne en arrière et tire sur l'élastique. Et clac... l'élastique casse, probablement fragilisé par les précédents combats. Pfff !!! Tout la ligne perdue, mais surtout, plus d'élastique... et je n'ai pas rechange sur moi !
Obligé de plier alors que les poissons sont en folie... 2ème fois en 2 pêches que je dois plier par manque de matériel, c'est frustrant !!
Et comme si ce n'était pas suffisant, la ligne va faire un nouvel obstacle à éviter sur le poste la prochaine fois... c'était déjà bien assez galère comme ça avec le fond en pente et les rochers.
Cela dit, en 2 heures de temps (préparation du matos et combat inclus), j'ai fait ... allez, max 10 coulées pour 4 poissons ! Top rentabilité ! C'est énorme, je n'en reviens toujours pas ...
Jeudi 15 août 2013 - 8h du matin
Pour une fois, je suis matinal ! Ca fait tout bizarre !! Je me sens comme un hibou qu'on vient de réveiller en pleine journée.
En fait je voulais tester les moustachus le matin, voir ce que ça peut donner à d'autres moment que la fin de soirée.
N'ayant quasiment plus de flotteur corrects pour le silure, je vais pêcher avec un flotteur à l'anglaise. Mais sous la canne. Une sorte de franglaise modifiée donc.
L'avantage des wagglers, c'est qu'il n'y a qu'un seul point d'accroche et il n'y a donc aucun risque de casse (du flotteur) durant le combat ! L'inconvénient étant que le contrôle de ligne est quand même moins pratique qu'avec un flotteur boule classique... mais on n'a rien sans rien.
Je sonde, mets les frolics sur le cheveu et hop, ça pêche. Et après 50 centimètres de coulée à peine, le flotteur coule doucement... zut, touche de fond ! Pff déjà accroché... je commence à tirer doucement et ... ah tiens non, ça bouge ! Je fais un ferrage approximatif, histoire d'assurer la chose et le combat commence. Ca a l'air biiiiieeeenn lourd ! Ca se bats façon sous-marin : doucement, sans se presser, mais sans décoller d'un millimètre.
Et d'un coup, le voilà qui s'énerve : 2 coups de tête, un rush rapide et violent et... pafffff cassé.
Il est parti avec toute la ligne, ça a cassé au dessus du flotteur... A posteriori, j'ai compris où ça a raté. J'avais mis le waggler sur une agraphe pour permettre le changement de flotteur en cours de pêche : erreur ! Lors du combat, l'agraphe a du légèrement s'emmêler et, avec la tension, ça a créé un point plus fragile sur la ligne. Et ensuite, lors d'une tension un peu forte : bye bye !
Rater un gros poisson pour une bêtise pareille... pfff !
Bon, on va pas se démoraliser, on continue.
Après 4 heures à cuire en plein soleil et quasiment aucune activité (à peine un petit silure de 1m08 au sec, pour sauver l'honneur), je décide de rentrer et de remettre ça à ce soir. Les silures n'ont pas l'air d'être du matin ici ! L'absence d'ombre et la canicule n'y sont surement pas étrangers.
A noter quand même : toujours faire attention aux chiens quand on pêche au frolic !
Jeudi 15 août 2013 - 19 heure
Au moment où j'arrive sur place, on m'empêche de m'installer sur le poste :
- "On est en train de tourner un film, circulez !".
- "Heu... et ça va durer combien de temps ?"
- "Dans 2h grand max c'est fini !"
Ah bah c'est bien ma veine tiens ! Apparemment un film de Luc Besson. Je n'en sais pas plus.
En attendant, je me "réfugie" sous le pont, à coté d'un carpiste qui m'a gentillement fait une place. D'ailleurs le carpiste est présent depuis ce matin, et il n'a fait qu'un seul petit silure ; ce n'est pas ce qu'il recherche, il ne veut que de la carpe ! Faut vraiment être motivé des fois !
Je prend mon temps pour monter le matos, et, sans trop y croire, (et avec la bénédiction du carpiste) amorce quand même quelques poignées sous le pont. Quitte à patienter, autant le faire en pêchant !
Je suis de nouveau au waggler, avec le même matériel que précédemment.
Et après 30 minutes de coulée, ça part ! Je n'y croyais pas... même la caméra était encore rangée. Je la démarre d'une main, et tiens la canne de l'autre. Le poisson est relativement "gentil" niveau combat, ouf. Heureusement d'ailleurs, car sous le pont, je manque de place pour "maneuvrer" !
Finalement un silure d'1m25 rejoint l'épuisette. Ca fait plaisir et c'est complètement inespéré !
1h30 plus tard, le tournage est fini : je me fais une place au milieu d'une famille de touristes russes qui m'ont volé la place sous le nez.... et je m'installe enfin !
Les poissons semblent assez méfiants : j'ai une touche "de temps en temps"... et des ferrages dans le vide systématiquement.
En insistant un peu, je fais quand même un p'tit 1m05 bien nerveux !
Puis je ferre un moustachu qui a l'air bien plus joli et me donne pas mal de fil à retordre. Et en plein combat, alors qu'il tenait le fond... ça ne bouge plus.
C'est bizarre car ce n'est pas complétement bloqué, je sens encore le poisson ... mais ça ne vient pas !
Et là, ça fait tilt ! Il s'est pris dans ma ligne que j'ai cassé ici l'autre jour !
Je tire à gauche, à droite... sans succès. Tant pis, je me résigne à tirer doucement jusqu'à la casse, pffff.... et finalement, alors que c'était à 2 doigts de casser, la ligne se remets à bouger. Ouf, poisson sauvé et hors de l'obstacle !
Et alors qu'il rentre dans l'épuisette, je réalise que ... j'ai même récupéré ma ligne précédemment accrochée au fond ! Royal !
Au final, un beau silure de 1m47.
Je retente quelques coulées à la tombée de la nuit, avant de plier... et zut, de nouveau accroché au fond. Et bien accroché ! Je mets les gants, prend l'élastique à la main, et tire ...
Et là, 2ème miracle de la soirée ! Alors que ça allait casser, non seulement la ligne se décroche... mais un poisson est au bout !
Ahahah ! Après coup, je pense que le corps de ligne s'était pris dans un des nombreux rochers qui parsèment le fond. Et pendant ce temps là, un silure a vu les frolics qui trainaient à coté... et en a profité ! En tirant de son coté, il m'a décroché. J'adore !
C'est magique ce soir, d'abord la ligne perdue/retrouvée, et maintenant ça.
Pour finir la soirée donc, un 1m15 rejoint la terre ferme. Au passage, il m'explose la vis de la tête d'épuisette... pas glop ça ! Elle avait dû être fragilisée avant....
Allez, c'est fini pour aujourd'hui ! Je suis mort mais pas mécontent d'avoir tiré mon épingle du jeu, vu la pêche pas si évidente que ça.
Dimanche 18 août 2013
Ce sera la dernière pêche sur ce poste.
J'utilise le flotteur "sauvé des eaux" de la pêche précédente... mais il faut croire qu'il était destiné à finir au fond ! A la première coulée, j'accroche et suis obligé de tout casser ...
Ce poste est blindé de poissons mais il est décidément très compliqué à pêcher ! Les variations de fond entre le début et la fin de la coulée dépassent plus d'un mètre, et les accros sont bien costauds. Et évidemment, en pêchant "plus haut", on ne pique rien : les poissons restent à l'abris dans les accros.
Je passe rapidement sur les problèmes rencontrés aujourd'hui : une piqure de guèpe, 6 pêcheurs chinois qui s'installent à ma gauche et à ma droite (et quadrillent toute la Seine avec 3 ou 4 cannes chacun), pas un seule signe de poisson sur le poste, une 2ème ligne cassée suite à une accroche, la pluie qui commence, un vélo qui manque écraser ma canne et un parisien que j'aurais bien aimé envoyer à la flotte ("Non mais y a pas de poissons dans la Seine, vous voyez bien !!").
Bref, il y a des jours où on préfèrerait rester chez soi...
Au final, un poste très difficile à pêcher mais incroyablement poissonneux : le jeu en valait bien la chandelle !